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du 22 juin au 2 septembre 2007

Intra-muros

Un rêve habité

Exposition organisée dans le cadre de la 6ème biennale ARTour – Art contemporain et Patrimoine du 22 juin au 2 septembre 2007.

Pol BuryGuggenheim Museum, 1971 – litho   Î

Exposition organisée dans le cadre de la 6ème biennale ARTour – Art contemporain et Patrimoine, « Ne vois-tu rien venir ? », du 22 juin au 2 septembre 2007. Sélection d’estampes de la collection du Centre de la Gravure autour de la thématique des architectures imaginaires et utopiques, en 7 chapitres : 

  1. Le château en ruine, ou la mémoire industrielle
  2. Le château de sable, ou le fragment archéologique
  3. Le château fort, ou le repli stratégique :
  4. La vie de château, ou le motif évocatoire :
  5. Le château hanté, ou les gargouillements architecturaux 
  6. Le château noir, ou l’aliénation urbaine 
  7. Le château de la Fée Morgane, ou la construction poétique 

 

Par nature autant que par destination le domaine de l’architecture renvoie à un univers de raison, de calcul, de mesures. Tout se doit d’y être ordonné, construit et durable.
Pourtant cet art du raisonnable se double – et ce dès l’aube des civilisations – d’une charge sociale exacerbée.
Art dominant par sa taille, par son positionnement dans l’espace, l’architecture devient parfois modèle politique. Symbole de puissance, référence divine et virtuelle, l’architecture rappelle au fil des paysages l’histoire des pouvoirs, dont la lutte apparaît à travers des hauteurs de plus en plus élancées, des décors de plus en plus abondants, des charges symboliques omniprésentes !

Pour ces raisons peut-être, l’architecture fut et demeure un lieu privilégié du discours utopique. Se libérant de la topographie, elle devient alors projection imaginaire ou idéale et renvoie simultanément à une critique de l’ordre établi.

Retrouvant le langage universel que parlait l’Humanité avant qu’elle ne se partageât en nations, cette architecture de nulle part et de n’importe quand, se présente comme une promesse de « bonheur pour tous » à travers la mise en place d’alternatives urbaines et sociales.
Depuis la publication du livre Utopie de Sir Thomas Moore, en passant par les univers concentrationnaires et sombres de Piranese pour rejoindre les espaces visionnaires et utopiques d’architectes tels Ledoux et Boullée, les rêveurs de constructions idéales et de villes morales ont fait surgir le vertige de l’irréel grâce à l’image imprimée…
Immense dérision des formes qui renvoient à elles-mêmes avant de revenir en nous, chargées d’imaginaire et du poids de l’Histoire collective ou personnelle.

Chez nous en Communauté française la densité du paysage construit limite l’espace et le regard, sans empêcher – ou provoquant peut-être ? – l’envol de l’esprit et d’une certaine mentalité liée au « socialisme utopique ».
Qu’il suffise de se rappeler la dimension utopique de l’Art Nouveau dans nos régions qui impliquait une transformation sociale à partir de l’intégration de tous les arts dans la vie de tout un chacun.
Aujourd’hui encore beaucoup d’artistes, parmi lesquels bon nombre de graveurs, donnent cours à leur imagination construisant et déconstruisant « l’art du bâtir ». Le futur y devient antérieur, le passé s’y futurise, la pensée s’y libère de son conditionnement quotidien. En décrypter le sens, en trouver le fil conducteur est ici essentiel pour pénétrer et habiter leurs rêves.

Catherine de Braekeleer

Exposition présentée à Poznan (Pologne), au Centrum Kultury « Zamek » du 17/03/2004 au 10/04/2004