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24.01 → 17.05.2009

Intra-muros

Made in USA

Artistes:

Une vision panoramique réunissant des pièces de 1951 à 2008, signées par les géants de l’art américain : Jim Dine, Félix Gonzalez-Torres, Donald Judd, Barbara Kruger, Sol Lewitt, Robert Rauschenberg, Sean Scully, Richard Serra, Kiki Smith, … La sélection illustre les différents mouvements apparus Outre-Atlantique, du minimalisme au Pop Art, ainsi que quelques aspects du graphisme américain.

… Nous sommes pour l’expression simple d’une pensée complexe. Nous sommes pour les formes de grandes dimensions, parce qu’elles ont l’impact de ce qui est sans équivoque. Nous sommes pour les formes planes parce qu’elles détruisent l’illusion et révèlent la vérité…

Cet extrait de la lettre-programme signée par Adolph Gottlieb, Mark Rothko et Barnett Newman, parue en 1943 dans le New York Times, contient les éléments clés de l’expressionnisme abstrait américain. Le surréalisme va influencer de nombreux artistes américains qui, loin de se l’approprier, vont en extraire la notion d’automatisme et l’appliquer tant à la pensée qu’à la gestuelle, transfigurant l’image par l’évènement. Les Américains exultent, un vent de liberté souffle sur le nouveau continent, un rien de sauvagerie et beaucoup de couleurs animent les toiles et les sculptures : l’école de New York voit le jour et, avec elle, la suprématie d’un nouvel art contemporain faisant table rase du passé.

Très vite vont se dégager deux nouvelles tendances, inscrites dans une époque de révolution sociale et culturelle. Le POP ART d’un côté, va tirer parti d’une nouvelle ère de communication visant essentiellement à faire consommer les individus. La publicité, les emballages, les supermarchés, les stars du cinéma vont être les matériaux de base pour des artistes comme JIM DINE, ROY LICHTENSTEIN, ROBERT RAUSCHENBERG ou encore BARBARA KRUGER, qui à l’instar de Warhol, vont intellectualiser le quotidien, le populaire, le trivial, chacun à sa façon.

Si DINE s’attache à quelques objets banaux – la fameuse robe de chambre – et en fait une mythologie personnelle, mêlant technique et matériaux, LICHTENSTEIN opte pour une facture froide et mécanisée, partant d’images de BD ou de publicité choisies et recadrées pour en extraire toute référence ; si RAUSCHENBERG suit la cadence infernale de cette nouvelle société et que son œuvre évoque l’urgence de la création face à l’accumulation et à la disparition, KRUGER attire l’attention de tout citoyen à se méfier du miroir tendu ne reflétant que du ciel bleu, dénonçant les carcans sociaux.

L’œuvre de WALASSE TING, électron libre dans la sphère artistique, oscille entre tachisme et pop art ; la femme est l’objet de son travail, pulpeuse et alanguie, épinglée comme un papillon chatoyant.

De l’autre côté, l’ART MINIMAL, réponse à la fougue de l’expressionnisme abstrait et aux images commerciales du pop art, est avant tout une négation des valeurs artistiques traditionnelles et européennes, avec lesquelles il ne possède aucune corrélation. SOL LEWITT et DONALD JUDD font partie de cette nouvelle génération d’artistes diplômés de l’Université, critiques d’art et théoriciens, les premiers à confier la réalisation de leurs œuvres à des tiers. LEWITT travaillera inlassablement sur la ligne et les couleurs primaires. L’œuvre graphique de JUDD est une transposition de sa sculpture en deux dimensions, axée sur le travail du plein et du vide comme substances artistiques, sur la répétition d’éléments parallélépipédiques et sur le choix de couleurs industrielles.

ELLSWORTH KELLY nous livre des formes parfaites aux couleurs éblouissantes. Si le premier coup d’œil révèle un travail géométrique coloré, une lecture attentive permet de distinguer des formes organiques aux contours tellement saillants, renforcés par le contraste des couleurs, qu’elles deviennent sensuelles, appelant au toucher. CALDER, créateur « d’objets » comme il le disait lui-même, sculpteur d’avant-garde qui allie l’esprit d’ingénieur à celui de plasticien rigoureux, créera des formes de couleurs les plus inventives et formelles de la sculpture contemporaine.

RICHARD SERRA, connu pour ses sculptures monumentales, considère l’estampe comme une extension au dessin qu’il pratique en guise de préparation à ses sculptures. Les estampes de SEAN SCULLY, tout comme ses peintures et ses photographies couleurs, uniquement constituées de bandes horizontales et verticales de couleurs, sont d’une intensité saisissante. Pourtant minimaliste, la mise en rapport des bandes colorées laisse entrevoir une grande émotion, une sensualité créés par la vibration de la lumière qui passe d’une couleur à l’autre, d’un plan à l’autre.

Héritier de l’art minimal et de l’art conceptuel, FÉLIX GONZALEZ-TORRÉS utilise des photographies documentaires et/ou de la typographie reproduites par offset en tirage illimité ; ses affiches de grand format sont disposées en tas et offertes au public, l’artiste, décédé en 1996, mêlant les concepts du livre d’artiste pour tous, le panneau publicitaire comme support et le musée comme éditeur et diffuseur d’art.

En dehors de ces deux grandes tendances, JAMES BROWN, tout à la fois peintre, sculpteur, graveur, fait œuvre abstraite et poétique ; son œuvre gravé est très expérimental et pour ce faire, il n’hésite pas à récupérer des anciens matériaux comme des vieilles cartes entoilées ou des registres, à utiliser le collage d’éléments comme des insectes tirés de planches d’entomologie, à travailler le monotype, rendant chaque estampe unique. Sa propre maison d’édition Carpe Diem Press (Oaxaca-Mexique) met à l’honneur un artisanat de qualité, réunissant papetier, imprimeur, relieur, au service de l’artiste.

— Julie van der Vreken, décembre 2008

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