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Kikie Crêvecoeur

Belgique

,

1960

Activités:
  • Graveur
  • Illustrateur

Kikie Crêvecœur est née à Bruxelles le 14 octobre 1960. Elle a suivi les cours de croquis de Lucien Braet à l’Académie de Watermael-Boitsfort et les cours de dessin et de gravure de l’Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, chez Georges Meurant, Roger Dewint et Igor Swingedau. Elle a également suivi des cours de xylographie et de lithographie à l’Académie des Beaux-Arts de Liège et participé à de nombreux stages en Belgique, en Italie, au Québec et en Suisse.

Graveur et lithographe, elle est professeur à l’Académie de Dessin et des Arts Décoratifs de Watermael-Boitsfort depuis 1988 ainsi qu’à l’Académie Internationale d’Eté de Wallonie depuis 1991. Cette artiste s’est d’abord fait connaître pour son travail de gravure sur gommes, technique originale mise au point dès 1986. Elle a d’ailleurs remporté le Prix de la Gravure et de l’Image imprimée de la Communauté française de Belgique en 1989 avec une suite d’estampes réalisées à l’aide de ce procédé. D’autre part, il est à remarquer que la musique – blues, jazz, opéra – inspire régulièrement ses réalisations.

Les estampes imprimées à partir de gommes gravées constituent chacune un exemplaire unique car elles sont réalisées à partir d’un choix déterminé de gommes toujours assemblées différemment. Elles sont pourtant considérées comme multiples par l’artiste qui en propose des tirages numérotés ne dépassant jamais les vingt exemplaires. Pour employer un vocabulaire musical approprié, on peut qualifier ce travail de gammes de gommes. Les premières gravures sur gommes sont délibérément figuratives, proposant une juxtaposition narrative d’images. Le cadre très structuré imposé par cette technique exige une mise en page rigoureuse assortie d’un projet initial parfaitement abouti. Les seules improvisations possibles résident dans le choix des couleurs et l’association des images pour donner tout son sens, sa ponctuation et sa dynamique propre à l’œuvre ainsi reconstituée. Icône plurielle emprisonnée dans son unicité, elle se laisse lire de près telle une bande dessinée et contempler de loin comme un signe abstrait.

À partir de 1989, on voit apparaître une transition. L’idée de rythme l’emporte sur l’art figuratif pratiqué jusque là, certaines images se rapprochant nettement de l’abstraction. L’ensemble dénote une distanciation par rapport à la technique de la gravure sur gommes et au cadre strictement structuré qu’elle tendait à imposer. Aux premières séries de gommes, juxtaposées en patchworks, vont succéder des gravures sur linoléum vibrantes de spontanéité. Riches de mouvement et de connotations musicales, ces gravures se sont peu à peu éloignées des structures initiales pour acquérir une liberté nouvelle. Cette évolution se remarque particulièrement bien dans la série de La Mi Muse réalisée en 1997.

La limpidité de la main est un bonheur que l’on peut partager dans l’immédiateté d’une énergie communicative. Un don vous est fait dont l’évidence est sans détour. Les gravures sur lino de Kikie Crêvecœur procurent ce plaisir de l’œil et de la pensée. Elles racontent, à partir de l’observation de la nature, des arbres, des feuillages et des fruits, les métamorphoses du vivant. Elles développent un mimétisme où les formes naturelles nous éveillent et suscitent des gestes et des rythmes qui semblent avoir grandi en nous, dans le silence. Elles manifestent un élan, elles nous débordent et nous emportent au-delà de nous-mêmes. Elles empruntent à la nature les surgeons, les maillages d’espaces, les trouées d’ombre et tracent la calligraphie d’un mystère. – Serge Meurant, 2005

Kikie Crêvecœur a participé à de nombreuses expositions nationales et internationales. Outre le Prix de la Gravure de la Communauté française elle a aussi remporté le Prix La Montagne à la Quatrième Triennale d’estampes de Chamalières en 1997. Membre active du collectif d’artistes RAZKAS asbl à Bruxelles, elle réalise et collabore à de nombreuses éditions d’artistes. Ses affinités avec le monde éditorial se sont notamment concrétisées par l’illustration de l’affiche du Marché du Livre de Mariemont en octobre 2001. Elle a illustré des récits d’auteurs tels que Michel Bernard et Eddy Devolder pour les éditions Esperluète ou encore, aux éditions La Pierre d’Alun, la romancière Amélie Nothomb. Cette dernière avoue n’avoir pas pu éviter d’être frappée par la puissance de l’art de Kikie Crèvecœur qui, en quelques traits sûrs, avec une magnifique science du vide, nous initie à son univers qui ne ressemble à aucun autre, à la fois violent et civilisé, primitif et recherché.