Rechercher

dans

du 14 mai au 14 août 2005

Intra-muros

Mirrors 1982-2004

L’artiste y explore la dualité comme métaphore de notre condition humaine. L’homme face à lui-même et à l’autre dans un désir de rencontres faites de maladresses, de possibilités et d’impossibilités.

SEAN SCULLY, FIVE UNIONS N° 1 – 1996 – Aquatinte au sucre; eau-forte   Î

Artiste irlandais né en 1945 mais aujourd’hui de nationalité américaine, Sean Scully poursuit depuis la fin des années 60, un travail généralement assimilé à l’abstraction géométrique. D’une intensité saisissante, l’oeuvre de Sean Scully a fait l’objet de nombreuses expositions de New York à Barcelone ou Mexico.
Mirrors présente près de 140 estampes réalisées de 1982 à nos jours, ainsi que plusieurs séries d’images photographiques ramenées de multiples voyages à travers le monde (Afrique du Sud, Nebraska, Mexique, Saint Domingue, Lisbonne, Barcelone,…).  


 

Deux thèmes majeurs se manifestent clairementdans l’œuvre graphiquede Sean Scully : l’idée de relation et la matérialité de l’œuvre.

Relations entre le matériau brut et les opérations techniques, entre les procédés employés et la tonalité obtenue, entre l’image imprimée et le papier, entre l’artiste et l’imprimeur.

La matérialité de l’œuvre s’ accomplit dans l’attention que l’artiste porte sur les particularités de chaque procédé utilisé: les plaques de métal sont parfois retournées sur l’envers pour mieux révéler les propriétés intrinsèques du matériau. Les gravures sur bois laissent apparaître le fil du bois.

D’abord essentiellement peintre, c’est en 1983, suite à la découverte d’une rétrospective de gravures de Jaspers Johns qu’il décide de se consacrer également à la gravure. En 1982, il avait déjà réalisé une simple eau-forte à l’encre noire sur fond blanc qui inaugurait un principe qu’il reprendra de manière récurrente par la suite: une composition dynamique de bandes horizontales et verticales, juxtaposées, d’épaisseur variable, en rythmes irréguliers.

En réalisant ces bandes, Scully s’inspire directement des architectures urbaines et donne à l’abstraction le corps et la réalité de la figuration. En ce sens, l’artiste s’éloigne de la tendance abstraite dominante de l’époque.

Paradoxalement, dans cette quête de liberté et de souplesse nouvelles, ses œuvres acquièrent une austérité et une sobriété presque classiques.

Si les œuvres sur métal des débuts sont en noir et blanc et produisent dans leur tranquillité un effet monumental, celles qui suivent montrent l’intérêt grandissant de Scully pour la couleur, le jeu des textures et les effets de matière.

Ces effets sont plus marqués encore dans ses gravures sur bois. Par leur rugosité et leurs dimensions imposantes, elles évoquent parfois des fenêtres barricadées de planches. Elles recèlent une force d’expression faite de franchise et d’intégrité.

Le travail accompli dans cette technique sur bois se répercute sur les œuvres suivantes, réalisées en taille-douce: mêmes formats, mêmes nuances de grain, de couleur et de luminosité, cependant que se font sentir une nouvelle exubérance et une plus grande légèreté.

Changeant de technique, de lieu et d’imprimeur, Scully tente de nouvelles expérimentations: les bois gravés qui suivent, rappellent l’expérience de la taille-douce: ils intègrent les contrastes entre net et flou, transparent et opaque, rugueux et lisse. L’organisation de l’espace laisse voir des incrustations et des juxtapositions de couleurs de plus en plus hardies.

A partir de 1991, Scully s’oriente vers des compositions plus dynamiques et plus rythmées où les bandes de couleurs et les insertions dialoguent ou s’entrechoquent pour enclencher la participation active du spectateur. Backs Fronts Windows, gravure de plus de trois mètres de long, constitue en ce sens un manifeste: le mode d’agencement et les contrastes de couleur suscitent le dialogue en même temps qu’ils engendrent une luminosité et une vibration nouvelle.

Par la suite, ses gravures se font plus calmes et plus méditatives. Scully recourt à la composition en damier, choisit seulement deux ou trois couleurs et utilise une nouvelle technique de permutation et de réencrage des planches avec des pigments différents. Plus qu’à des architectures, ces nouvelles estampes renvoient à des états affectifs de l’âme.

Mirrors (1997 – 1998) sont des interrogations existentielles. L’artiste y explore la dualité comme métaphore de notre condition humaine. L’homme face à lui-même et à l’autre dans un désir de rencontres faites de maladresses, de possibilités et d’impossibilités.

Les estampes les plus récentes, telles Walls of Light (2000-2002), privilégient la fluidité, la transparence et la lumière. Elles transcendent le narratif pour accéder au spirituel et au symbolique.
 

Biographie de Sean Scully

1945 –1960: Sean Scully naît à Dublin dans une famille modeste qui émigre à Londres en 1949. Il garde de son enfance le souvenir d’un environnement dur et froid où l’on préfère la musique aux arts visuels.
1960 – 1965: Scully travaille pendant deux ans comme apprenti chez un typographe.
Il se rend régulièrement à la Tate Gallery. La Chaise (1888) de Van Gogh le fascine par son aspect «démocratique».
Il suit des cours du soir dans la Central School of Art de Londres tout en se consacrant à la musique afro-américaine.
1965 – 1972: Il commence des études artistiques à Londres qu’il poursuit à l’université de Newcastle.
D’abord intéressé par l’utilisation fauve de la couleur, il découvre Piet Mondrian, l’expressionnisme abstrait et l’œuvre de Mark Rothko. Marqué par leur art, Scully abandonne la figuration au profit de l’abstraction.
1972 – 1975: Après une bourse d’études d’un an à Harvard, il s’établit à New York en 1975. Il y rencontre Catherine Lee, futur grand nom de la sculpture monumentale. De 1979 à 1996, les deux artistes sélectionnent chaque année une œuvre de Scully qu’ils appellent «Catherine Paintings».
Scully s’inspire de l’architecture urbaine pour donner la structure à ses œuvres, et des relations humaines pour en animer l’intérieur. Son art s’articule autour de la répétition du motif de la bande.
1977 : Première exposition personnelle à New York. Scully commence à enseigner à Princeton. Il poursuivra cette activité jusqu’en 1983.
1983: Scully devient citoyen américain et reçoit une bourse de la Fondation Guggenheim.
1984 –1994: il bénéficie d’une bourse du gouvernement américain, participe à une exposition collective au MoMA à New York et commence à exposer en Europe.
Il voyage beaucoup à travers le monde et ramène plusieurs séries d’images photographiques où il accorde son attention aux éléments d’architecture (portes/fenêtres) et à la lumière.
En 1992, au Maroc, il réalise un film pour la BBC sur Matisse.
1994 : il loue un atelier à Barcelone, séjourne également à Munich et expose dans toute l’Europe,
aux Etats-Unis et en Australie.
2000 – 2001 : Membre du London Institute of Art and Letters, Londres et de l’Aosdana, association irlandaise de promotion de l’art.
2002: Professeur de peinture à l’Académie des Beaux-Arts de Munich.
2003: Le Massachusetts College of Art, Boston, et la National University of Ireland, Dublin, le nomment Honorary Doctor of Fine Arts.
Il réalise une sculpture monumentale pour l’Université de Limerick, en Irlande.
2004 : Exposition à la National Gallery of Australia, Canberra, Australie
2005 : La Hugh Lane Municipal Art Gallery de Dublin construit une nouvelle aile qui inclut un espace destiné à accueillir la donation de huit oeuvres de Sean Scully.