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Blavier, Annick

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  • Date: 2008
  • Dimensions totales: 120 x 85 cm
  • Dimensions de l’impression: 119 x 83,3 cm
  • Tirage: 1/5
  • Propriétaire: Centre de la Gravure
  • Numéro d'inventaire: OE6338

Collage agrandi, tiré en impression pigmentaire sur papier pur chiffon et encollé sur plaque d’aluminium.

« Travailler sur l’altération de la mémoire, en même temps que sur la résistance face à l’image médiatique imposée, installer un dialogue fragile entre différents éléments, telle est pour moi la nécessité du moment  » Annick Blavier

« Artiste aux multiples facettes, Annick Blavier est plasticienne. Elle n’hésite pas à passer de la peinture à une pratique polymorphe depuis 2000, traversant les frontières entre les catégories : photographie, dessin, collage, vidéo.  » La technique est un moyen et non une fin « . Sur ces mots, elle traverse les médias en suivant un fil conducteur : celui du décalage, de la trace, de la mémoire. Après une formation de gravure à La Cambre, elle se dirige vers la peinture, une peinture gestuelle, soucieuse de la trame, qu’elle pratiquera pendant une vingtaine d’années.
En 2003, elle crée une maison d’édition : la trame, qui publie livres d’artistes et essais collectifs.

Quatre villes ont rythmé son parcours – sa vie – jusqu’à ce jour : Paris, ville d’adoption durant quatorze ans, Berlin, au lendemain de la chute du mur, Rome, pour inaugurer le nouveau siècle et Bruxelles, sa ville natale. Ces divers séjours et déplacements donneront naissance à l’édition de carnets (2000-2002). Sous le titre ‘fragments’ , ces villes sont vues au travers de croquis sur feuilles transparentes, de photos et de textes. Dans l’exemplaire consacré à Bruxelles (Bruxelles fragments – la trame – 2001), apparaissent les premières ‘déchirures’ : des bribes de textes issues de journaux ont remplacé les croquis.

Son travail emprunte aussi d’autres voies, celles du collage et de l’image imprimée. Passionnée par la littérature, la citation et l’écriture viennent parfois ponctuer livres et vidéos. ‘L’idée de me mettre en danger m’est souvent apparue comme le point de départ d’un travail, d’un projet,…’ nous livre-t-elle.
L’artiste sélectionne des fragments d’images dans de vieilles revues d’actualité ou des journaux récents, puisant dans la mémoire collective. Celles-ci sont choisies pour des raisons politiques et historiques. Elle préfère la déchirure à la découpe soigneuse, qui apporte selon elle une part de hasard et arrache l’image à sa composition d’origine. Jouant sur l’hétérogénéité des éléments, des bribes de phrases y sont parfois associées. Certaines sont choisies pour leur ‘propos cliché’ : elles deviennent alors éléments de provocation ; d’autres sont réduites à des traces de mots. Entre l’image et le texte, s’installe un décalage. ‘Les mots apportent un contrepoint à l’image’. En résistance à la redondance du message publicitaire, le texte n’illustre pas l’image. Echappées de leur contexte d’origine, ces images recréent l’histoire que l’on est libre de s’inventer.

Le format de base est une carte postale, sur laquelle sont collés des fragments textuels et photographiques. L’ensemble est ensuite agrandi, imprimé par la technique du tirage aux pigments sur papier chiffon de grand format (120 x 84 cm). L’intérêt de l’agrandissement numérique réside dans l’apparition de la matière tramée en opposition à l’aplat coloré et dans le doute quant à la technique employée.

Mêlant l’intention et l’aléatoire, l’artiste détourne ces éléments de leur sens premier, crée des rapprochements inédits. Le but est de susciter l’interrogation, le questionnement, réveiller l’imaginaire, multiplier les lectures. »

Texte de Marie Van Bosterhaut dans Cris & chuchotements, catalogue de l’exposition éponyme présentée au Centre de la Gravure du 20 septembre 2008 au 4 janvier 2009 (Edition du CGII, 2008, p. 25-26).