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Daniel Pommereulle [Sceaux (France) 1937 – Paris (France) 2003]

Sans titre.

Lithographie sur Rives, 79/100

Imprimeur : Franck Bordas, Paris Editeur : Association française d’Action artistique (AFAA), Paris Numéro d’inventaire : PF64/1-40/36 Dimensions du papier et de l’impression : 105 x 75 cm Donation de l’AFAA en 1997.


Estampe issue d’un recueil collectif tiré à 100 exemplaires et intitulé «Heureux le visionnaire dont la seule arme est le stylet du graveur... ». L’ensemble résulte d’une commande publique lancée par l’Etat français en 1996 afin de promouvoir 30 ateliers d’imprimeurs et de soutenir la relance du marché de l’estampe en France.

Daniel Pommereulle est né en 1937 à Sceaux dans les Hauts-de-Seine. Il fut tour à tour comédien, cinéaste, peintre et sculpteur. Au début des années 1950, il s'inscrit à l'Académie Jullian pour préparer le concours des Beaux-arts. Familier de Saint-Germain-des-Prés, il fréquente alors les musées et se passionne pour Redon et Moreau. Profondément touché par la Guerre d’Algérie, où il a été envoyé en 1957, il en reviendra révolté et développera dès lors un art engagé parfois provocateur. Après avoir peint ses premiers tableaux, Nuages, Spirales, il participe en 1961 à l’exposition collective Anti-Procès III à Milan aux côtés d’une quarantaine d’artistes dont Adami, Brauner, César, Dado, Fontana, Hundertwasser, Matta, Rauschenberg, Takis, Tinguely, Twombly...  Cette manifestation organisée par Jean-Jacques Lebel et Alain Jouffroy faisait suite aux deux premières expositions du même nom présentées à Paris et à Venise en 1960 et prenant position contre la guerre d'Algérie et contre la torture.

Un mois, une estampe: Novembre 2014

Pommereulle abandonne ensuite la peinture pour se consacrer à la réalisation d’objets parfois précurseurs de l’Arte Povera. Il participe également à des happenings. En 1967, il délaisse temporairement les objets pour le cinéma. De 1980 à 1990, il expérimente l’agencement du verre, de la pierre et de l’acier, jouant sur la transparence. Il a en outre prolongé son vocabulaire mental et graphique par l’usage du pastel et du dessin, comme par la réalisation d’estampes. Cette lithographie, flèche acérée ou crayon rageur en atteste.

Surtout connu en tant que plasticien, il a aussi travaillé dans le cinéma avec des réalisateurs issus de la Nouvelle Vague.  En 1967, il interprète un des rôles principaux dans La Collectionneuse, le premier succès d’Eric Rohmer puis on le retrouve dans une dizaine de films dont La Mariée était en noir de Truffaut, Week-end de Godard ou Les Idoles de Marc’O. Il a réalisé deux films : One More Time (1967) et Vite (1969) pour lesquels il conçoit une « machine à suicide » et des plans-séquences filmés à travers un télescope.

L’artiste est décédé le 30 décembre 2003 à Paris. Dans un article de Libération qui lui rend hommage le 7 janvier 2004, ses amis, Erro, Gérard Fromanger, Alain Jouffroy, Jacques Monory, Michel Onfray, Antonio Recalcati rappellent que la poésie vécue était sa seule arme, de défense comme d’attaque. Une poésie vécue comme un crépuscule permanent du matin, du côté le plus saignant de la nuit.