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Alain LE QUERNEC [Le Faouët (Bretagne - France) 1944 ]

I louve you

Affiche sérigraphiée en grand format pour une exposition personnelle au Centre de la Gravure, La Louvière, 1997

Offset, exemplaire non justifié  -  Centre de la Gravure et de l’Image imprimée, éditeur  -  Dimensions : 56,5 x 40 cm  -  Collection du Centre de la Gravure  -  Numéro d’inventaire : OE 0389


Alain Le Quernec est né en Bretagne en 1944. Après des études supérieures à Paris, il suit durant une année l’enseignement d’Henryk Tomaszewski à Varsovie. Sa rencontre avec le célèbre graphiste polonais lui apportera une rigueur extrême conjuguée à une manière neuve de concevoir l’affiche dans un état d’esprit de grande liberté. Il apprend à jouer avec les mots et les images, à créer des symboles et à les organiser dans l’espace. À son retour, en 1972, Le Quernec s’installe à Quimper où il travaille comme affichiste, mêlant graphisme d’auteur aux commandes habituelles, et professeur d’arts plastiques.

La démarche graphique de Le Quernec, très personnelle, s’exprime dans des registres variés. S’il fut l’un des premiers à attirer l’attention, par ses affiches, sur le phénomène de la montée de l’extrême droite, son engagement politique s’accompagne d’autres préoccupations qui traversent son œuvre : la culture, l’écologie, la santé publique, la justice sociale et les références à sa Bretagne natale. Par ailleurs, constamment à la recherche de nouvelles formes d’expression, l’artiste ne se limite pas à un usage systématique des nouvelles technologies. Il récupère, découpe, manipule, détourne, associe des images trouvées tout en accordant une place essentielle au dessin. Un sens caché peut alors s’y glisser, souvent avec humour.

En 1997, à l’occasion d’une exposition personnelle organisée au Centre de la Gravure, Le Quernec réalisait, non sans un clin d’œil à La Louvière, une affiche intitulée « I louve you » dans laquelle la louve, symbole de la ville, semble dévorer le célèbre Manneken Pis bruxellois. Dans le catalogue de l’exposition, Jean Pol Rouart concluait sa contribution en ces termes : « Beaucoup d’esprit, un dessin campé, une image contrastée, un trait ferme, tout cela au service d’une affiche franche, bien visible et lisible, inoubliable. »

« L'affiche est aux beaux-arts ce que le catch est aux belles manières. » Raymond Savignac, affichiste français

Un mois, une estampe: Juin 2019

⇒ Dans Le Soir du 07/06/1997 : Le centre de la gravure domestique les affiches d’Alain Le Quernec – I Louve you, rue des Amours à La Louvière

I Louve You. You Louve me ? Alain Le Quernec a tendance en tout cas à trouver les Belges à croquer. Pour son exposition au centre de la gravure et de l’Image Imprimée de la Communauté française basé à La Louvière (rue des Amours…) l’artiste breton a immortalisé sur l’affiche créée par ses soins une tête de louve stylisée tenant dans sa gueule Manneken-Pis ! Une image choc, comme ce breton viscéralement attaché à ses falaises et aux libertés peut en concevoir. L’affiche est aux beaux-arts ce que le catch est aux belles manières, a dit un jour Savignac, affichiste français. Les manchettes de Le Quernec s’avèrent dans ce cas redoutables. Des coups de poing colorés. En trois mots, quatre traits, une photo «trafiquée», l’essentiel est dit. Le passant, l’automobiliste qui cheminait sans histoire reçoit en pleine face l’oppression des régimes totalitaires, les méfaits du tabac, les stades sanglants d’Argentine; repart gêné dans son costume de n’avoir jamais donné de sang ou contribué à la lutte contre le cancer. Parce qu’on ne peut pas ignorer une affiche de Le Quernec. Cet élève de Tomaszewki s’est totalement investi dans un mode artistique aux ambitions utilitaires. Avec des étapes marquantes comme cette photo caricaturée de Hitler louchant pour expliquer «qu’au début Hitler faisait rire» !

Alain Le Quernec a été l’un des premiers à attirer par affiche l’attention sur la montée en puissance de l’extrême droite en France. Mais ses préoccupations ne sont pas que politiques. La culture et les références à sa Bretagne natale (Les luttes sociales en pays Bigouden, la Bretagne à l’Opéra,…) traversent aussi largement son oeuvre.

Qu’importe finalement si l’artiste français considère les affiches «comme des papillons qui ne peuvent déployer leur force et leur beauté qu’au coin des rues et qu’elles les reperdent lorsqu’on les présente sous verre, épinglées et préparées dans le coffret d’un musée », on ne peut que se réjouir de la présentation conjointe de ses oeuvres à La Louvière, à Remscheid en Allemagne et Echirolle en France, les trois manifestations débouchant sur un catalogue qui a réussi à apprivoiser le genre.

En complément à la présentation des oeuvres d’Alain le Quernec, le troisième niveau du centre de la gravure est occupé par les travaux à connotation sociale des élèves de l’Atelier du collège Brizeux à Quimper et ceux, culturels, des étudiants de l’Erg à Bruxelles. Et comme de coutume, le centre louviérois organise une série d’animations à l’intention de groupes scolaires ainsi qu’un parcours-jeu et un stage d’été.

FRANÇOISE ZONEMBERG