Roger Dewint
Le confort du rêve
Aquatinte au sucre et eau forte sur Fabriano Artistico 100 % coton
Dimensions : 56 x 75.5 cm
Tirage : 5/12
Collection du Centre de la Gravure et de l’Image imprimée
Né en 1942 et décédé en 2021, Roger Dewint a vécu et travaillé à Bruxelles toute sa vie. Il a étudié à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles (ARBA-ESA) puis à l’Académie de Boitsfort avant d’enseigner le dessin et la gravure à l’ARBA-ESA durant plus de 20 ans. Avant tout graveur, dessinateur et peintre, il s’est occasionnellement consacré à l’illustration et au Mail Art. Ses œuvres ont été exposées dans plus de 800 expositions nationales et internationales. Lauréates de nombreux prix, elles figurent parmi quantité de collections privées et publiques (MoMA, BNF, MRBAB…). En 2001, le Centre de la Gravure et de l’Image Imprimée lui a consacré une rétrospective, « Roger Dewint, l’œuvre gravé », et c’est avec tristesse et reconnaissance que nous lui dédions ce 1M1E, en hommage à une vie d’artiste bien remplie et haute en couleurs.
Roger Dewint était un homme qui cherchait toujours à être, selon ses propres mots, « le moins nuisible possible » à ses semblables. Un homme en contraste avec son œuvre empreinte de chaos, de brutalité et d’ironie. Cela tient à ce que Roger Dewint était un humaniste angoissé par l’existence, un pessimiste ou, à la manière décrite par Oscar Wilde, « un optimiste bien informé ». Graveur dans l’âme, Roger Dewint privilégie la technique de l’eau forte et les morsures à l’acide pour mettre en scène des personnages mutilés dans des univers tourbillonnants et incisifs. Les scènes représentées sont violentes et pourtant la souffrance ne se fait pas sentir. Les personnages, spectateurs de leur condition, sont des marionnettes grotesques que Roger Dewint se plaît, non sans humour, à disloquer. Davantage influencé par la littérature et la musique que par les arts plastiques, il intègre à ses gravures des extraits glanés au hasard de ses lectures. La plupart du temps, les textes prélevés sont sortis de leur contexte et n’ont même aucun lien avec l’image qui les jouxte. C’est ce qui plaît à cet artiste, le choc entre une image et un texte qui parlent en même temps et se contredisent.
Cette gravure à l’eau forte et à la manière au sucre est un autoportrait de l’artiste. Ce dernier se représentait occasionnellement dans ses mises en scènes du désordre. On l’identifie grâce à ses petites lunettes rondes, ici brisées en éclats, signe d’une désillusion sur le monde. Roger Dewint travaille surtout sur le trait. Il utilise des couleurs acidulées pour estomper la violence du dessin et se sert du texte comme décor sémantique et formel.