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Mariage du printemps

Année: 1982
Technique(s): linogravure
Format: 82,5 x 53 cm
Numéro d’inventaire: OE3709
Collection du Centre de la Gravure

Un mois, une estampe: Mars 2023

Cette linogravure réalisée en 1982 par Alekos Fassianos s’intitule « Mariage du printemps ». Elle représente au premier plan deux personnages dont les visages de profil contrastent avec la frontalité de leurs bustes. Derrière eux, s’étend un champ vallonné dont la couleur dorée évoque un champ de blé. Le ciel rose et la monochromie des figures suggère que la scène se déroule à une heure tardive de l’après‑midi. Comme si ce couple était à contre‑jour, la face dans l’ombre et ne laissant plus apparaître que les courbes principales de leurs physiques. Leurs attributs et le titre de l’œuvre permettent de les identifier aux divinités grecques Héra et Zeus. Couronnée de fleurs fraîches du printemps, Héra est vénérée pour sa protection du mariage. Son union avec le roi de l’Olympe est d’ailleurs célébrée au début du printemps. Cependant, leur amour n’est pas idyllique. Dans cette œuvre, les deux amants s’affrontent du regard. Peut‑être faut‑il donc voir dans le rouge écarlate des personnages un symbole de la colère et de la jalousie qu’éprouve Héra à l’égard de Zeus, dont la mythologie grecque raconte les nombreuses aventures extra‑conjugales.

De nationalité grecque, Alekos Fassianos était un artiste fortement influencé par la culture antique de son pays natal. C’est ainsi qu’apparaissent dans son œuvre des personnages monumentaux qui rappellent la statuaire archaïque, ainsi que des aplats monochromes et des profils de personnages directement inspirés des figures noires et rouges de la céramique antique. À ces figures de la mythologie grecque, Alekos Fassianos associait des éléments contemporains tels que des vêtements, étoffes et foulards, liant ainsi le passé et le présent. De plus, il y représentait volontiers les paysages tirés de ses souvenirs d’enfance. Ainsi son milieu d’habitat méditerranéen et champêtre apparaît dans son œuvre, un monde où la lumière est omniprésente et où la nature règne en collaboration avec les hommes.

Né en 1935 et mort en janvier 2022, Alekos Fassianos était un artiste aux multiples talents qui s’est accompli dans de nombreuses disciplines artistiques, telles que la peinture, la gravure, l’illustration, la sculpture et la scénographie de théâtre. D’abord étudiant en peinture à l’École des Beaux‑Arts d’Athènes dans l’atelier de Yannis Moralis, il intégra en 1960 l’atelier de lithographie des Beaux‑Arts de Paris. Il s’y installa définitivement en 1967, alors que son pays natal vivait un coup d’état militaire. Les galeristes de la capitale le mirent au‑devant de la scène artistique, notamment Paul Facchetti qui lui organisa des expositions personnelles dès 1969. Dans les années 70, c’est au côté de Magritte ou de Chirico qu’il fut exposé par la galerie d’Alexander Iolas. Dès lors, il connut un succès international, de Tokyo à New York en passant par plusieurs biennales dont celle de Venise en 1971. À partir de 1978, il fut exposé régulièrement à la galerie La Hune, d’où nous provient cette œuvre. Ce n’est qu’en 2019 qu’Alekos Fassianos, aidé par sa famille et ses amis, arrêta son activité pour fonder la société Alekos Fassianos Estate et se concentrer essentiellement à la création de son musée à Athènes. Celui‑ci devrait ouvrir ses portes en ce début d’année 2023.