Rechercher

dans

Oriol Vilanova

Espagne, 1980
vit et travaille entre Barcelone et Bruxelles

Dans sa pratique, Oriol Vilanova explore les mécanismes de construction et d’analyse du regard et de l’histoire de celui‑ci. Le point de départ de ses œuvres, qui peuvent prendre la forme d’installations, de performances ou de textes, trouve son origine dans la collection de quelque 34 000 cartes postales qu’il s’est constituée au fil de ses visites quasi‑journalières aux marchés aux puces, à travers le monde. Cette collection, qu’il considère comme une sorte de reliquaire‑mémorial produit en masse de notre histoire culturelle, est soigneusement classé en plus d’une centaine de catégories / sections dans lesquelles il puise au gré de ses propositions. Toujours soigneusement pensées en fonction du contexte de présentation, ses œuvres jouent de façon récurrente sur le hasard, la répétition et l’exagération des thèmes ou motifs. Si le répertoire éclectique de ces classifications va des chats aux motifs architecturaux, en passant par les chefs d’œuvres de la peinture classique ou encore les couchers de soleil, ce sont souvent les cartes rassemblées sous la catégorie d’« inclassables » qui fournissent le point de départ de nouvelles œuvres et de nouvelles catégories de cette collection en expansion constante. À la lettre, celle‑ci devient, pour reprendre les termes de l’artiste, une vraie « machine à penser ». Nous présentons ici deux pièces, qui jouent à des degrés divers sur des idées d’une invisibilité/fugacité d’iconographies qui se dérobent ou se perdent. Old Masters prend la forme d’une veste de gardien de musée, dans les poches de laquelle sont abritées une collection de cartes postales d’estampes de Dürer, prolongeant ainsi les collections du CGII dont les œuvres les plus anciennes remontent aux années ’30. Célébration, 2020, prend la forme d’un carrousel de cartes postales d’oranges dûment retournées, et tournant continûment et lentement, à l’instar d’un carrousel dont les enjeux et les plaisirs échapperaient aux spectateurs. La coïncidence est en l’occurrence heureuse que les oranges soient précisément au centre des festivités principales (carnavalesques) de la Région du Centre, de La Louvière à Binche. À n’en pas douter, l’œuvre prend aussi une connotation particulière dans le contexte des cycles répétitifs de notre système, mis en exergue par cette pandémie qui elle‑même se répète et qui nous coupe en quelque sorte des racines de notre culture.

English

In his practice, Oriol Vilanova explores the mechanisms of construction and analysis of the gaze and its history. The starting point of his works, which can take the form of installations, performances or texts, finds its origin in the collection of some 34,000 postcards that he has assembled during his almost daily visits to flea markets, around the world. This collection, which he considers to be a kind of mass-produced memorial-reliquary of our cultural history, is carefully classified into more than a hundred categories/sections which he draws upon according to his works. Always carefully thought out according to the context of the presentation, his works repeatedly play on chance, repetition and exaggeration of themes or motifs. While the eclectic repertoire of these classifications ranges from cats to architectural motifs, including masterpieces of classical painting and sunsets, it is often the cards collected under the category of « unclassifiable » which provide the starting point for new works and new categories in this ever-expanding collection. Literally, it becomes, to use the artist’s words, a veritable « thinking machine ». Here, we present two pieces, which play to varying degrees on ideas of invisibility/transience of iconographies that are hidden or lost. Old Masters takes the form of a museum guard’s jacket, in the pockets of which are housed a collection of postcards of engravings by Dürer, thus extending the collections of the CGII. Célébration, 2020, takes the form of a carousel of postcards featuring oranges, duly spun around, rotating continuously and slowly, like a carousel whose significance and pleasures escape the spectators. It is by the way a meaningful coïncidence that the main attribute of the Region of Centre’s festivities (Carnival) is strongly associated with oranges. Undoubtedly, the work also takes on a particular connotation in the context of the repetitive cycles of our system, highlighted by this pandemic which is repeating itself and which, in a way, cuts us off from the roots of our culture.