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Marianne Mispelaëre

France, 1988
vit et travaille à Aubervilliers

Marianne Mispelaëre est une plasticienne française dont le travail, essentiellement graphique et performatif, œuvre sur un territoire sensible en déployant des gestes éphémères gardant la trace de découvertes et d’échanges oraux et intellectuels. Le superflu doit attendre est un protocole qui s’articule en une série de plaques de cuivres oxydées et sérigraphiées. Ces œuvres expriment une réflexion et un engagement politiques et féministes. L’artiste a en effet décidé de lire un ensemble de 18 ouvrages féministes et/ou traitant de questions de genre, ayant un rapport à l’autonomie, l’émancipation, sur des plaques de cuivres qu’elle utilise comme une espèce de sous‑main pendant la durée de la lecture. Les plaques, matrices traditionnelles de techniques de gravure et d’impression des ouvrages papier, gardent ainsi les traces corporelles d’oxydation ‑ variables en fonction d’une multitude de paramètres (la température, la longueur de l’ouvrage, l’humeur ou l’état émotionnel de l’artiste) ‑ des lectures qu’y a faites l’artiste. Au terme de celle‑ci, la plaque est simplement, à l’instar d’une épitaphe bibliographique, sérigraphiée avec le titre de l’ouvrage qui y a été lu, avant d’être scellée par un verre venant conserver l’altération du cuivre par le labeur et la sueur de l’artiste. Nous présentons en vis‑à‑vis deux plaques réalisées à quelques mois d’intervalles. Le dispositif de présentation que nous avons choisi reproduit le processus de réalisation des œuvres, comme à y inviter virtuellement les spectateurs ou à y imaginer l’artiste en train de lire les deux ouvrages ayant donné naissance aux œuvres. Le contraste est saisissant entre les marques laissées par la lecture de Cynthia Fleury, La fin du courage : la reconquête d’une vertu démocratique et celles, plus fortement marquées, laissées par la lecture de cet ouvrage‑clé de la théorie politique de la performance Judith Butler, Excitable Speech or the Politics of the Performative, 1997. (Le pouvoir des mots : Discours de haine ou politique du performatif).

English

Marianne Mispelaëre is a French visual artist whose essentially graphic and performative work operates on a sensitive territory by deploying ephemeral gestures that bear witness of intellectual discoveries or oral exchanges.
It takes paths and strategies that are often discreet, even marginal, while nevertheless tackling urgent societal issues.
Le superflu doit attendre is a protocol that is articulated in a series of silkscreened brass plates. These works express a political and feminist reflection and engagement. The artist has thus opted to read a set of 18 feminist works and/or works relating to issues of gender, autonomy, and emancipation, from copper plates that she uses as a kind of desk-blotter for the duration of the reading. The plates, traditional matrices for engraving and printing techniques for works on paper, thus retain bodily traces – variable depending on a multitude of parameters (temperature, length of the work, mood or condition). of the artist) – from the artist’s reading sessions. At the end of this process, the plate is simply, like a bibliographic epitaph, screen-printed with the title of the work that has been read there, before being sealed with a glass which preserves the deterioration of the copper caused by the toil and the sweat of the artist. We present, facing each other, two plates made a few months apart. The presentation system we have chosen reproduces the process by which the works were made, as if inviting spectators virtually or imagining the artist reading the two works that engendered them. The contrast is striking between the marks left by the reading of Cynthia Fleury, La fin du courage: la reconquête d’une vertu démocratique and those, more strongly marked, left by the reading of the key work of the political theory of performance by Judith Butler, Excitable Speech or the Politics of the Performative, 1997.
(In French: Le pouvoir des mots : Discours de haine ou politique du performatif).