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Nicolás Lamas

Pérou, 1980
vit et travaille à Bruxelles

Le travail de Nicolas Lamas dans l’extrême variété des formes essentiellement sculpturales ou graphiques qu’il peut prendre est tout entier traversé par des lignes de force dialectique qui en font la cohérence. Lamas travaille par mise en relation, collision, voire collusion d’objets et ou d’images trouvées, au fil de ses errances et recherches, virtuelles ou physiques, sur le net ou dans le monde réel. Destruction et réparation ou résilience coexistent dans les rencontres qu’il organise afin de créer des télescopages inattendus, volontiers diachroniques, associant de façon récurrente des éléments fragmentaires d’époques, de matières et/ou de registres différents. L’organique et l’humain s’associent et se confrontent à des objets et composantes mécaniques voire électroniques, digitaux ou bioniques issus du monde d’aujourd’hui ou de demain, mais, in fine, tout aussi fragiles et périssables. La pensée de l’anthropocène et de ses impasses n’est jamais fort loin, et il est tentant d’appréhender son travail comme la constitution ou la reconstitution d’une archéologie du futur, ou, plutôt, d’une archéologie spéculative et dynamique, en dehors du temps. Si des rencontres d’objets qu’il organise se dégagent un équilibre formel et métaphorique, on pressent que ces équilibres sont instables, en perpétuelle reconfiguration et évolution.

Dans Empty Box, un geste simple d’évidage et de découpe des contenus, textes et images d’une pile de 12 exemplaires de National Geographic évoque de façon radicale et simple l’impact de l’action de l’homme sur les écosystèmes naturels, l’extinction des espèces et le danger de ne faire de notre monde qu’une enveloppe quasiment vide.

After the End se présente sous la forme d’un frigo‑sarcophage‑mausolée suggérant la cryogénisation et conservant sur chacune de ses étagères une forme oblongue évoquant la présence de l’homme, tel un moulage de tête antique éventrée ou encore un casque de motard rempli d’un mélange de paille et de fils électriques. Il dialogue avec les 3 grandes impressions digitales Post‑Human Portraits où des bustes romains se téléscopent avec i.a. des représentations d’astres, de parasitoïdes attaquant une chenille, ou encore de circuits électroniques, que l’on peut imaginer provenant de disques durs d’ordinateurs, comme possibles réceptacles des mémoires de notre présent ou de notre passé, toutes aussi fragiles et menacées.

Enfin, placé tout à la fin du parcours de notre exposition, Stop Motion est une allégorie de nos premiers gestes de créateurs d’art : À la lettre, il s’agit d’un tableau portant la possibilité de traces et d’empreintes éphémères de l’humanité et, à tous le moins, des visiteurs de l’exposition, qui sont ainsi invités à contribuer à façonner l’œuvre de façon collective.

English

The work of Nicolas Lamas assumes an extreme variety of essentially sculptural or graphic forms, yet it is tied together by the primary dialectical elements. Lamas’ practice involves the confrontation, collision, or even collusion of found objects and/or images that he has gathered in the course of his wanderings and searches, virtual or physical, on the net or in the real world. Destruction and repair or resilience coexist in the encounters he sets up in order to create unexpected clashes, that are consciously diachronic, recurrently associating fragmentary elements from different eras, materials and/or registers. The organic and the human come together and come face to face with mechanical or even electronic, digital or bionic objects and components from the world of today or tomorrow, but which are, ultimately, just as fragile and perishable. The thought of the anthropocene and its dead ends is never very far, and it is tempting to understand his work as the constitution or the reconstitution of an archaeology of the future, or, rather, of a speculative and dynamic archaeology, outside of time.

In Empty Box, a simple gesture of hollowing out and cutting the contents, texts and images of a stack of 12 copies of National Geographic evokes, in way that is both radical and simple, the impact of human action on natural ecosystems, the extinction of species and the danger of making our world a virtually empty shell.

After the End takes the form of a fridge-sarcophagus-mausoleum suggesting cryonics and preserving, on each of its shelves,
an oblong shape evoking the presence of man, like a cast of an antique disembowelled head or a biker helmet filled with a mixture of straw and electric wires. It dialogues with the 3 large Post-Human Portraits digital prints, in which Roman busts collide with i.a. galaxies, electronic circuits or larvae attacking a caterpillar, and that one can imagine coming from computer hard drives, as possible receptacles of memories of our present or our past, all fragile and threatened.

Finally, positioned at the very end of the route of our exhibition, Stop Motion is an allegory of our first gestures as art creators: Literally, it is a painting incorporating the possibility of the traces and ephemeral imprints of humanity and, at the very least, visitors to the exhibition.