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Hanne Lippard

Norvège, 1984
vit et travaille à Bruxelles

Diplômée en 2010 de la section de design graphique de la Rietveld Academy, Hanne Lippard a une pratique artistique liée au verbe, qu’elle déploie souvent de façon performative, mais aussi de façon sculpturale, installative ou imprimée. Elle utilise la voix et le langage comme des matériaux bruts qu’elle façonne et fragmente souvent de façon rythmique afin d’en accentuer le potentiel dramatique. Lippard s’intéresse en particulier aux forces sociales qui visaient au contrôle régissant l’usage du langage et la prise de parole des femmes à travers l’histoire. Et ce, tant au niveau du fond que de la forme, du registre de langage ou de l’intonation. Cette pression du patriarcat, à laquelle aucune des sociétés auxquelles nous nous référons historiquement n’a échappé, de la Grèce Antique à l’Occident contemporain, induit l’intériorisation d’une forme d’auto‑censure dans le chef même des femmes lorsque les structures de pouvoir sont mises en jeu. C’est à cette décolonisation encore en chantier de notre inconscient collectif que s’attelle de façon récurrente Hanne Lippard. Les pièces que nous présentons ici font partie de la série Curse, une revisitation contemporaine de la tradition antique dans l’Empire romain de ces tablettes gravées annuelles, anonymes et libératoires, émanant de tous les laissés‑pour‑compte, qui n’avaient pas droit à la parole citoyenne : femmes, esclaves, barbares. Lippard a composé treize « malédictions » contemporaines, gravées au laser sur des tablettes en plexi noir : elles décrivent non sans humour des situations à la fois absurdes et banales, dénonçant implicitement la superficialité de notre quotidien, avec des références directes à la crise du COVID‑19 que nous sommes en train de traverser.

English

Having graduated in 2010 from the graphic design section of the Rietveld Academy, Hanne Lippard’s has an artistic practice linked to the word, which she often expresses in performance, but also in a sculptural, installation or in printed form. She uses voice and language as raw materials that she shapes and often fragments in a rhythmic way in order to accentuate their dramatic potential. Lippard is particularly interested in the social forces that have aimed at controlling the use of language and the voice of women throughout history. And this, both in substance and in form, in the register of language or intonation. This pressure from patriarchy, to which none of the societies to which we refer historically has been immune, from Ancient Greece to the contemporary West, induces the interiorization of a form of self-censorship even among women when power structures are brought into play. Even beyond the gradual rebalancing of gender relations in the Western world, archaic cultural codes still to a certain extent govern the use of language. It is this still under construction decolonization of our collective unconscious that Hanne Lippard repeatedly tackles. The pieces we present here are Curses I-XIII, a contemporary revisit of the ancient tradition in the Roman Empire of those anonymous and liberating curses which all those who were left out, who had no right to speak as citizens (women, slaves, children, barbarians) were once a year allowed to express on engraved tablets. Lippard composed thirteen contemporary curses, laser-engraved on black plexiglass tablets: they describe with humour both absurd and banal situations, implicitly denouncing the superficiality of our daily life, with direct references to the COVID-19 crisis that we are going through.