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Valérian Goalec

France, 1986
vit et travaille à Bruxelles

Dans sa pratique, Valérian Goalec utilise des formes et objets existants issus de la vie quotidienne qu’il emprunte et modifie, en les apportant vers une lecture ou une appréhension différente. Ces emprunts d’objets à dimension utilitaire voient souvent leur fonctionnalité entravée voire a contrario exacerbée et, par là‑même, également inactivée, dans un geste d’une dialectique poétique qui pose des questions existentielles fondamentales. C’est ainsi que les concepts de vide et de trop plein, les modulations et variations sérielles par rapport aux idées de mesure et de rapports occupent une place séminale dans ses propositions. En l’occurrence, les propositions de Goalec, placées en fin de parcours d’exposition, tout près de l’invitation à l’exposition en 2947 de Shuzo Azuchi Gulliver, prennent à rebours les fonctionnements de l’activité d’exposition du Centre. Un texte d’annonce qui pourrait être le texte de cette ou son exposition est ici mis en évidence. À y regarder de plus prêt on réalise qu’il s’agit a priori d’un texte automatique du type lorem ipsum, id est une suite de mots sans signification que l’on utilise généralement à titre provisoire pour calibrer une mise en page, le texte définitif venant remplacer le faux‑texte dès qu’il est prêt ou que la mise en page est achevée. En l’occurrence, ce texte latin tiré originellement de Cicéron a été manipulé par Goalec en le faisant passer par un traducteur automatique bien connu, ce qui, de façon surprenante, fait apparaître des mots français en total décalage et anachronisme par rapport au texte d’origine. Ce texte est brandi de façon à la fois revendicative et interrogative (les bras en Y) par l’artiste : débarrassé de sa fonction de texte transitoire, manipulé et déformé, il acquiert plutôt le statut de signe métaphorique de la façon dont le verbe, le langage et ses signifiés peuvent nous échapper, tant par la communication, électronique ou incarnée, que par notre propre méconnaissance de nos racines et de ses racines. Trophy of an Exhibition met en scène une édition de 90 chips d’une marque anglaise directement identifiable, reproduits en résine. Le nombre correspond à la quantité que chaque paquet contient en moyenne, tandis que leur assemblage sculptural, tout en s’inspirant directement d’une campagne promotionnelle de la marque, suggère, tout en les détournant de leur fonction alimentaire première, la cristallisation voire le gel d’événements festifs et célébratoires. Enfin Tumulus, invisible aux spectateurs car activé dans le secrétariat du Centre, correspond à l’activation protocolaire par le CGII et pendant la durée de l’exposition d’un broyeur de documents programmé de façon à transformer le papier broyé en confettis. A l’encontre de la fonctionnalité festive que ces derniers peuvent avoir, ces derniers serviront au rembourrage d’une édition de coussins, instruments servant au repos des travailleurs ayant contribué à les produire par le fruit de leur labeur.

English

In his practice, Valérian Goalec uses and assembles existing forms and objects from everyday life that he borrows and modifies, in a way that renders them susceptible to a different reading or understanding. These objects with a utilitarian dimension that are thus borrowed often see their functionality hampered or, conversely, exacerbated and, by the same token, also inactivated, in a gesture of a poetic dialectic that raises fundamental existential questions. Thus, the concepts of emptiness and overflow, serial modulations and variations in relation to ideas of measurement and relationships occupy a seminal place in his works. In the case, Goalec’s pieces are placed at the end of the exhibition route, very close to the invitation to Shuzo Azuchi Gulliver’s exhibition in 2947, and move in the opposite direction to an Art Centre’s exhibition activities. An announcement text that could be the text of this exhibition or his own is highlighted here. On closer inspection, it becomes clear that it is an automatic text of the lorem ipsum type (that is, a series of meaningless words that is usually used as dummy text to calibrate a layout, with the definitive text replacing the dummy text as soon as it is ready or the layout is completed). In this case, the Latin text originally taken from Cicero was manipulated by Goalec by passing it through a well-known automatic translator, which, surprisingly, makes French words and expressions appear that are totally out of sync and anachronistic with the original text. This text is brandished by the artist in a way that is both declarative and interrogative (arms in the form of a Y): freed of its function as a transitory, manipulated and distorted text, it instead acquires the status of a metaphorical sign of how the word, language and its meanings can escape us, both through communication, electronic or embodied, and through our own ignorance of where we come from or where language comes from. Trophy of an Exhibition features an edition of 90 potato chips from an immediately identifiable English brand, reproduced in resin. The number corresponds to the quantity that each pack contains on average, while their sculptural assembly, although directly inspired by a promotional campaign of the brand, suggests, while diverting them from their primary food function, the crystallization or even the freezing of festive and celebratory events. Finally, invisible to the visitors of the exhibition, Tumulus corresponds to the ceremonial activation by the CGII for the duration of the exhibition of a document shredder programmed so as to transform the shredded paper into confetti. Contrary to confetti’s traditionally festive functionality, it will be used to stuff of a series of cushions, instruments used for the rest of the workers who have contributed to producing them through their labour.