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Lise Duclaux

France, 1970
vit et travaille à Bruxelles

Lise Duclaux développe un travail d’une extrême cohérence, autour de thématiques essentielles liées à son engagement par rapport au vivant, qu’il soit végétal, animal, humain ou minéral : au côté de gestes performatifs, d’essais d’inventaires ou d’actions sculpturales assumant leur caractère éphémère, son œuvre traite du vivant, s’adresse au vivant, se pense, se comprend et se transmet par le vivant. Souvent, elle se déploie au départ d’une pratique extensive et attentive du dessin, en dialogue avec utilisation à la fois plastique et sémantique du langage. Les allers retours entre ces deux polarités d’expression formelle reviennent de façon évidente dans son œuvre graphique et imprimée, les uns permettant parfois de préciser ou de développer ce que les autres n’arrivent pas à transmettre de façon efficace. Dans ses installations, textes et dessins se prolongent et complètent donc les uns les autres, rehaussés par un usage expressif d’aplats de couleur venant ponctuer ses mises en pages, ainsi libérées de toute forme de ponctuation coercitive. Les recherches de Lise Duclaux associent l’art à la science, la philosophie à la politique écologique dans un éclectisme de sources et références assumées, dans une pensée globale de la circularité, à la fois dialectique et inclusive. Pour autant l’humour, les jeux de mots, le jeu en général ne sont jamais éloignés de ses propositions. Duclaux est fascinée par ce qui est a priori invisible, se dérobe à un regard hâtif : trop petit ou trop grand, trop proche ou trop éloigné, souterrain ou cosmique, les extrêmes se rejoignant. L’un comme l’autre ouvrent d’ailleurs pour elle les clés des projections les plus efficaces de l’imaginaire et de la métaphore. C’est ainsi que l’univers microscopique des bactéries, celui des racines souterraines, des taupes reviennent de façon récurrente tels des leitmotive dans son corpus. La question des racines, en particulier, structure sa pensée, profondément ancrée, certes, dans le vivant, mais acceptant par là même, la notion d’impermanence et de transformation continuelle. Pour elle, les racines ne sont jamais finies ni stables mais se recréent en permanence, à l’encontre de la recherche utopique de stabilité et d’origine fixe qui sous‑tend nombre des dérives de nos sociétés humaines. Pour la paraphraser, les racines sont (certes) des astres, mais les astres sont aussi des racines. Le coffret que nous présentons ici, A l’horizon profond, comprend 70 prints de format A4, où des feuillets aux couleurs vives sur lesquels se détachent des slogans efficaces alternent avec des compositions plus graphiques ou textuelles. Dans l’ensemble, il offre une vision d’ensemble particulièrement cohérente et exhaustive des investigations et prises de position citoyennes de l’artiste. 

English

Lise Duclaux has built an extremely coherent body of work around themes essentially linked to her commitment to living things, whether plant, animal, human or mineral: alongside performative actions, inventory essays or sculptural practices that take on an ephemeral character, her work deals with the living, addresses the living, is thought, understood and transmitted by the living. Often, it takes shape based on an extensive and attentive practice of drawing, in dialogue with both plastic and semantic use of language. The back and forth between these two polarities of formal expression are evident in her graphic and printed work, with certain works refining or developing that which others fail to effectively convey. In her installations, texts and drawings are extended and thus complement each other, enhanced by an expressive use of flat areas of color accenting her layouts, thus freed from any form of coercive punctuation. Lise Duclaux’s explorations associate art with science, philosophy with ecological politics, in an eclecticism of sources and assumed references, in a global thought of circularity, both dialectical and inclusive. However, humour, puns and games, in general, are never far away in her work.  Duclaux is fascinated by what is a priori invisible, eludes a hasty glance: too small or too large, too close or too far, underground or cosmic, the extremes meet. Both open up for her the keys to the most effective projections of imagination and metaphor.  It is in this sense that the microscopic universe of bacteria, or that of underground roots, or moles recurrently appear as leitmotifs in her oeuvre. The question of roots, in particular, structures her thinking, deeply rooted, certainly, in the living, but at once accepting the notion of impermanence and continuous transformation. For her, roots are never finite or stable, but are constantly recreated, in opposition to the utopian search for stability and fixed origin that underlies many of the excesses of our human societies. To paraphrase her, the roots are (surely) stars, but the stars are also roots. The publication/box A l’horizon profond, which we present here, consists of 70 A4 digital prints, alternating effective slogans on colored paper sheets and more graphic and textual white A4 sheets. Its contents perfectly encompass the variety of Duclaux’s consistent investigations and political stance.