Luc Tuymans. Suspended

L’exposition mettait en lumière une facette encore trop méconnue de l’artiste : son œuvre imprimé. Si les peintures de Luc Tuymans avaient déjà fait l’objet de nombreuses expositions et rétrospectives à travers le monde, ses estampes demeuraient un champ d’exploration moins connu du grand public. Depuis la fin des années 1980, l’artiste belge s’était pourtant consacré avec passion à l’univers de l’impression, expérimentant sans relâche les multiples techniques offertes par ce médium. En collaboration étroite avec des maîtres imprimeurs, il avait développé une curiosité insatiable pour les procédés, les textures et les supports, explorant aussi bien le papier traditionnel que le papier peint ou encore le PVC.

Le CGII consacrait cette exposition à cette dimension particulière du travail de Tuymans, révélant la richesse et la diversité de ses recherches sur papier. Reconnue internationalement, sa peinture — figurative, subtile et empreinte d’une lumière pâle — abordait des thématiques souvent graves, telles que la Seconde Guerre mondiale, le passé colonial belge ou les dérives de la culture médiatique. Ces préoccupations trouvaient un écho sensible dans ses œuvres imprimées, où le flou, la distance et la fragilité de l’image devenaient autant de moyens d’interroger la mémoire et la perception.

Né en 1958 à Anvers, où il vivait et travaillait, Luc Tuymans avait étudié la peinture à Bruxelles. Il s’était d’abord intéressé à la gravure, avant de se tourner vers la photographie et le cinéma, attiré par l’immédiateté de ces médias. Entre 1980 et 1985, il s’était consacré à l’écriture scénaristique et avait réalisé plusieurs courts métrages. Ce n’est qu’après cette période qu’il était revenu à la peinture, nourri d’une réflexion approfondie sur l’image et sa reproduction. Par la suite, il avait puisé dans un vaste répertoire d’images issues des médias, qu’il réinterprétait à travers une esthétique sobre et méditative.

L’exposition proposait ainsi un parcours inédit à travers plus de trois décennies de création imprimée, de 1989 à nos jours. Elle révélait un pan essentiel de l’œuvre de l’artiste, où la maîtrise technique se conjuguait à une réflexion profonde sur la mémoire, la trace et la représentation.