Rechercher

dans

du 24 janvier au 19 avril 2009

Intra-muros

L’œuvre gravé 1960-1989

L’exposition était l’occasion de découvrir l’œuvre gravé en 60 vues de Robert Motherwell également peintre et critique; une sorte d’American way of print, expérimental et sériel.

ROBERT MOTHERWELL, GESTURE I (STATE I), 1977 – Aquatinte; aquatinte au sucre  Î

L’Amérique reste sous les feux des projecteurs, depuis les récentes élections jusqu’à nos cimaises.
Made in USA rassemble deux visions de l’art américain, dont cette vision monographique du plus européen des artistes expressionnistes abstraits: Robert Motherwell (1915-1991). L’exposition sera l’occasion de découvrir l’œuvre gravé en 60 vues de ce créateur également peintre et critique; une sorte d’American way of print, expérimental et sériel.

Artiste américain, Robert MOTHERWELL est à la fois peintre, graveur éditeur et critique. Figue majeure de l’expressionnisme abstrait, il est un des seuls à consacrer une large partie de son travail au domaine de m’imprimé.


 

For a painter as abstract as myself, the collages offer a way of incorporating bits of the everyday world into pictures.

La particularité de la formation de Robert Motherwell est d’être à la fois théorique et plastique. En effet, dès 1932, l’artiste entreprend des études de peinture, de philosophie et d’histoire de l’art. Il éprouve également un grand intérêt pour la littérature, la musique et la psychanalyse. Les titres de certaines de ses œuvres reflètent son goût pour les belles-lettres, ainsi « Mulligan’s Tower » (1983) évoque Ulysse de James Joyce, « The Red Queen » (1989) Alice de Lewis Caroll. Influencé par les artistes surréalistes qu’il rencontre lors de ses voyages en Europe en 1935 et en 1939, il retient de ce mouvement le concept d’automatisme, qu’il développera tout au long de son œuvre à travers le dessin. Les formes simples et les aplats de couleur présents dans les oeuvres de Matisse et Mondrian vont également marquer ses débuts de peintre.

Heurté par la guerre civile espagnole, il crée une série de peintures abstraites, « Elegy for the Spanish Republic », produisant une centaine de variations entre 1949 et 1976, empreintes du thème de l’enfermement. Ses toiles sont larges, les formes privilégiées : ovales et rectilignes, la palette de couleur restreinte au noir et blanc, symbolisant la mort et la vie. En 1967, sous le titre « Open serie », il décline une nouvelle série sur la thématique de la fenêtre, développé notamment par Matisse ; métaphore de la relation entre le monde intérieur des émotions et le monde extérieur des sens.

Robert Motherwell se consacre également à l’enseignement et à l’écriture. En 1944, il dirige ‘The documents of Modern Art’, un ensemble de témoignages et de documents consacrés à l’art moderne.

Ses premiers essais gravés remontent à 1943 lorsqu’il fréquente l’Atelier 17 de Stanley William Hayter à New York. Cette année correspond également à ses premiers essais de collage, qu’il expérimente dans l’atelier de Jackson Pollock. Ce n’est qu’à partir de 1961 qu’il se consacre véritablement à l’image imprimée, et ce jusqu’à la fin de sa vie, témoignant d’un intérêt équivalent pour la peinture et la gravure.

Certaines de ses estampes dérivent d’un travail identique en peinture. Poet I et Poet II (1962), ses premières éditions, préexistaient sous la forme de collages. Des thèmes propres à ses séries de peintures sont intégrés aux estampes. A partir de 1968, Motherwell va reprendre la thématique de l’Open serie ; ainsi dans l’estampe « Mezzotint in Indigo » (1969) voit-on se détacher une double forme rectangulaire. Le sujet des Elégies apparaît quant à lui à partir de 1975.

Le collage deviendra sa technique de prédilection, usant de paquets de cigarettes, d’étiquettes de vin ou d’emballages divers. Ils deviennent les fragments témoins de son quotidien. La première tentative d’insertion d’éléments de collage dans ses estampes donne naissance à la série « Gauloises Bleues » (1968), dont le bleu caractéristique de cette marque le séduit.

Robert Motherwell éprouve une véritable passion pour le travail en série, créant un grand nombre de variations sur un thème. Il explore les diverses possibilités du collage à travers la série Summer light (1973), mêlant collage et lithographie. Cette technique se retrouve également au cœur d’une série ultérieure, America-La France Variations (1984), pour laquelle il transforme chaque estampe en un exemplaire unique, par le collage ou l’addition de couleurs.

Marie Van Bosterhaut, octobre 2008