Atelier populaire de l’ex-école des Beaux-Arts
8 mai 1968, l’école des Beaux-Arts de Paris est en grève. Le 14, alors que la veille un million de manifestants clamaient leur intolérance au gouvernement gaulliste, les locaux sont occupés par les étudiants, soutenus par quelques artistes, et la contestation s’organise. Rebaptisée " ex-école des Beaux-Arts ", la nouvelle structure ouvre ses portes à tous, étudiants, artistes – peintres du Salon de la Jeune Peinture – travailleurs, français et étrangers,.
C’est la naissance de l’Atelier populaire. Commence alors une production, d’abord modeste puis effrénée, d’affiches de toutes dimensions destinées à être placardées sur les murs de la ville. La première affiche " Usine-Université-Union " est tirée le 14 mai ; c’est une lithographie imprimée à quelques trente exemplaires. Destinée à la vente, elle est arrachée des mains des " imprimeurs " par des étudiants et immédiatement collée dans la rue. Le moyen de communication est trouvé !
Suivent d’autres affiches dont la publication est décidée en commun. Les mots d’ordre du jour sont transmis par les assemblées générales des différentes universités et usines et suivent de près l’actualité révolutionnaire. Des projets sont réalisés par les étudiants et les artistes de passage ; ceux-ci sont ensuite longuement discutés par tous les travailleurs de l’atelier et un vote final permet ou non le passage à l’impression.
Les projets retenus sont imprimés en lithographie ou en sérigraphie par des équipes qui se relaient nuit et jour. Des dizaines d’équipes de colleurs rejointes par celles des comités de quartier et des comités de grève des usines occupées diffusent ces affiches. Les étudiants apprennent aux ouvriers à imprimer leurs propres affiches et des équipes s’installent en province, suscitant la création d’autres ateliers populaires pour réaliser l’union étudiants-ouvriers et paysans.