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Nancy Spero

Etats-Unis

,

1926

2009

Activités:
  • Créateur d’installations
  • Graveur
  • Peintre

Nancy Spero est née en 1926 dans l’Ohio, à Cleveland. Elle vit et travaille à New York. Après des études à l’Art Institute de Chicago, l’artiste fréquente l’atelier d’André Lhote à l’école des Beaux-Arts de Paris. Elle s’installe plus tard dans la capitale française, de 1959 à 1964, avec ses enfants et son mari, le peintre Leon Golub. Cette immersion européenne favorise son épanouissement politique et encourage sa fascination pour l’art antique mais aussi pour la marginalité sous toutes ses formes. Dès lors, elle prend radicalement ses distances par rapport à la tradition de l’expressionnisme abstrait américain. L’art brut devient une de ses références. En 1960, elle peint une gouache révélatrice, Les Anges, Merde, Fuck You, qui résume toute la violence de sa quête artistique. La vie culturelle parisienne accueille, à l’époque, de nombreux représentants de l’underground. Cette forme de contre-culture s’épanouit notamment au Centre culturel américain où Nancy Spero expose en 1964.
Lors de son retour aux Etats-Unis, elle s’insurge contre la guerre du Vietnam. Son engagement féministe, bien que latent dès le début de sa carrière, ne se développera pas activement avant les années 1970. Très émue par la personnalité d’Antonin Artaud, elle trouve dans ses textes un écho à sa propre colère, une sorte d’encouragement à crier son désespoir. Elle lui dédie des gouaches et des collages peuplés de langues de femmes aux formes phalliques pour mieux désacraliser l’ordre symbolique du langage. Elle déclarera plus tard avoir utilisé Artaud comme un moyen d’extérioriser sa voix en tant qu’artiste.
Entre 1966 et 1969, elle crée des œuvres antimilitaristes qui mettent en scène les métaphores douteuses liées au discours militaire contemporain : " Je pensais vraiment que la terminologie et que les slogans comme pacification relevaient d’un usage obscène du langage ". En 1968, elle peint S.U.P.E.R.P.A.C.I.F.I.C.A.T.I.O.N. qui figure un hélicoptère affublé de seins avachis auxquels des formes humaines sont suspendues par les dents. A cette époque, les artistes prennent de plus en plus conscience de la dimension politique de leur travail et commencent à s’organiser en groupe de pression. 1969 voit la fondation, à New York, de L’Art Worker’s Coalition (AWC), mouvement de protestation contre la guerre du Vietnam mais aussi pour la défense des droits civiques et du droit de regard des artistes sur la présentation de leurs œuvres dans les musées. Avec la participation de Nancy Spero, les membres de l’Art Worker’s fondent en 1970 le Women Artists in Révolution (WAR). L’une des revendications du groupe est l’obtention d’une plus grande visibilité des œuvres de femmes artistes dans les musées de New York. Il obtient bientôt que 20 à 25% des œuvres présentées soient des œuvres de femmes contre un pourcentage infime avant son intervention. En 1972, elle participe, à la fondation de AIR (Artists in Residence), première galerie de femmes à New York. À partir de 1974, sa décision de ne recourir qu’à la représentation féminine, combinée au développement formel de ses installations radicalise sa démarche. Sur fond de protestation elle réinvente l’histoire dans un esprit ludique et iconoclaste. Nancy Spero combine de nombreux médias, associant la gravure, le dessin et la peinture souvent intégrés à des installations. Elle exploite des images issues d’une grande variété de sources comme l’histoire antique, l’histoire contemporaine ou les magazines de mode. Ses collages rassemblent des éléments hétéroclites à la manière de la tradition artisanale du patchwork pratiquée par les femmes américaines depuis l’époque coloniale. Elle transpose ce travail traditionnel dans un contexte différent, le faisant passer du domaine privé au domaine public de la représentation. Ces œuvres, de format réduit, mettent en scène des matériaux légers généralement assortis d’une connotation féminine : dactylographie, aquarelle, travaux sur papier… Elles constituent une alternative aux sculptures monumentales générées par la vague minimaliste. Lors de la Biennale de Venise 2007, l’artiste a présenté dans le Pavillon international une installation spécifique, conçue en étroite relation avec l’architecture du lieu. La dernière grande exposition qui ait eu lieu de son vivant, “Dissidances”, s’est tenue à Barcelone et à Madrid en 2008. Nancy Spero est décédée à New York le 18 octobre 2009.