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Frédérique Loutz

France

,

1974

Activités:
  • Dessinateur
  • Graveur

Frédérique Loutz (1974 – Sarreguemines / vit et travaille à Clichy )

" Elle organise le chaos de la dévaluation Anticipant magistralement sur ce que deviendront nos simulacres, nos fausses certitudes, notre dérisoire fétichisme de la marchandise sensés nous protéger des autres, du monde, de nous-mêmes. "
Gilles Jourdan

D’origine lorraine, Frédérique Loutz grandit entre deux cultures : française et germanique. Le dessin est né de la nécessité de créer un pont entre les deux, de ‘suppléer à d’impossibles traductions’. Elle entreprend une formation artistique qu’elle commence à l’Ecole d’art et de design de Mulhouse et achève à l’Université de Paris en 1998.

Le dessin est sa technique de prédilection : ‘J’ai toujours dessiné et toujours été attentive à l’impact de l’image’. S’inspirant des objets qui l’entourent, glanés dans les brocantes ou confectionnés par elle-même, puisant dans l’imaginaire populaire, comme celui des contes, elle fait apparaître un univers peuplé de personnages étranges, mi-hommes, mi-animaux, à la limite du fantastique.
Les dessins sont rehaussés à l’aquarelle, par des couleurs volontairement disharmonieuses. Elle travaille la couleur par superposition, jouant de la transparence et de la fluidité du médium jusqu’aux coulures.

En 2006, elle séjourne à Rome, en résidence à la villa Médicis. Ne souhaitant pas rivaliser avec les couleurs de la ville, elle passe alors au noir et blanc, au travail de l’ombre et de la lumière. Elle prend ses distances avec l’aquarelle, utilise la plume et l’encre tout en conservant le support papier. Le marché aux puces de Rome devient une source inépuisable d’objets hétéroclites : bibelots, fragments de mannequins, jouets abandonnés,… Ces objets constituent à la fois ses objets d’études et la matière première pour ses installations.

Cette même année, l’artiste transpose le trait d’encre sur la surface de la pierre lithographique. Frédérique Loutz s’inspire du conte ; Hansel et Gretel devient Hänsel et Brätzel (2006-2007), le bretzel nous guide à travers ce livre d’artiste mais l’énigme demeure…. Livre de recettes ou carnet de voyage ?
D’autres sujets apparaissent tels que les figures mythologiques ou les vanités. Un vase au bouquet fané (2006) ou le Sablier de Tappeur (2006) évoquent la peur du temps qui passe, la crainte de la perte ou encore un crâne dans un jeu d’enfant ‘Pousse-Pousse’ (2007) … étrange association… Les pliages au cœur de l’estampe se réfèrent aux cocottes en papier qui se plient et se déplient dans les cours de récréation. Ici, les plis dévoilent un crâne en contre-plongée, des empreintes ‘anthropomorphiques’ ou laissées par l’éclatement de bulles. Une table fait écho à l’estampe, la nappe présente l’image en négatif sur laquelle sont posés divers objets : une main de cuir rose est le pendant d’une autre de bois jonglant sur un yo-yo, comme des éléments de cirque statufiés.

Son œuvre se lit à double sens. Frédérique Loutz joue de la dualité dans les formes : opacité des blancs, couleurs détonnantes, petits et grands formats jusque dans les titres. Doppel Moppel (2007) ou Mr Double (en référence à Kurt Schwitters), présentant l’artiste le visage à moitié caché par une coulée d’encre, souligne non pas la duplicité mais la dualité de l’homme.
Dans son univers règne l’étrangeté ; des personnages hybrides se tordent, comme pris de convulsions, dans une série aux couleurs bigarrées dont un élément récurrent signale la présence d’une figure mythologique (Schmürtz – 2007).

Si les thèmes présents dans l’œuvre de Frédérique Loutz évoquent l’enfance, ce n’est pas avec nostalgie mais plutôt par ‘rejet de cet inconfortable état de dépendance et de soumission’. Par ce jeu de dédoublement, l’artiste pose un regard acéré sur nous-même et notre monde.
Marie Van Bosterhaut