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Isabelle Happart

Belgique

,

1965

Activités:
  • Dessinateur
  • Graveur

" La beauté du visage, en l’absence du regard, révèle la vérité solitaire"
Serge Meurant

Passionnée par le dessin dès son enfance, Isabelle Happart se forme et se spécialise en restauration de peinture à la Cambre.
Très vite, face à une obligation de retenue et de respect profond pour l’intention de l’artiste dont elle restaure l’œuvre, Isabelle Happart éprouve le besoin de développer un travail personnel. Elle découvre la gravure grâce à Maurice Pasternak et fréquente les ateliers d’ Anne Wolfers et de Paul Dumont avec qui les échanges seront riches et essentiels dans l’évolution de son travail.

Le soin extrême, la méticulosité et la rigueur développés au sein de son travail de restauratrice la conduisent à la pointe sèche, poussée par ailleurs par un besoin de contact direct et de résistance à la matière.

Impressionnée par les autoportraits de Rembrandt, mais aussi par les portraits de David Hockney, Lucian Freud ou Antonio Lopez Garcia et troublée par l’œuvre de Stéphane Mandelbaum, Isabelle Happart réalise des autoportraits ainsi que des portraits de personnes proches. Dans un rapport intime, fort et profond avec son sujet, elle travaille sans préparation ni intention préalable, par une série de gestes directs et rapides mais toujours retenus : " Je creuse dans la personne.[…] J’essaie de plus en plus de dire les choses essentielles avec une réelle économie de moyens ". Un état de tension intérieure doublé d’une concentration essentielle sur le visage – le sien ou celui d’un autre – l’amènent à une représentation rejetant tout artifice séducteur, complaisance et décor : la présence de la figure habite l’espace et la lumière s’y glisse subtilement. Ses autoportraits créent la surprise : sont-ils le fruit d’une volonté de l’artiste de dépasser sa seule identité féminine pour tenter de rejoindre l’essentiel de son être ?

Isabelle Happart grave également le bois : des intérieurs lumineux et habités par des personnages irréels mais très présents, sombres et tendres à la fois.

Depuis peu, l’artiste réalise des paysages à l’aquatinte, à la façon de carnets de voyage sublimé : tout ici est dans la finesse du rendu et la profondeur de champ. A l’inverse de la manière de réaliser ses portraits, le geste d’Isabelle Happart est cette fois longuement mûri, posé et tout en nuances. S’il n’y a aucune existence humaine dans ces grandes évocations terriennes, la présence quasi spirituelle de l’artiste y est constante.

Il existe un point commun entre les différents univers de l’artiste : la recherche des effets régénérateurs de la solitude et du silence. A travers ses œuvres, quelles qu’elles soient, Isabelle Happart n’aura de passion que pour transcrire des sentiments, des sensations et des rencontres.

Bénédicte du Bois