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Eduardo Chillida

Espagne

,

1924

2002

Activités:
  • Graveur
  • Sculpteur

Après des études d’architecture inachevées à Madrid, Chillida commence à réaliser ses premières sculptures en 1947. Cette même année, il rencontre le peintre Pablo Palazuelo, avec lequel il se lie d’amitié. Il se rend alors à Paris où il vit au Pavillon Espagnol de la Cité Universitaire. A cette époque, ses sculptures sont en plâtre et en argile; deux de celles-ci seront exposées au Salon de Mai de 1949 sur l’invitation de Bernard Dorival. De retour en Espagne en 1951, il commence à travailler son matériau privilégié: le fer. Délaissant la sculpture de petite taille, il passe à la conception d’œuvres monumentales où l’abstraction repose sur la mise en valeur des vides et la variabilité des formes.
Il réalise ainsi les quatre portes de la basilique d’Aranzazu (pays Basque) en 1954. Dès 1956, il présente un nombre important de sculptures à la Galerie Maeght (Paris); Gaston Bachelard, dans le catalogue qui accompagne l’exposition, évoque à leur propos "un cosmos de fer". Deux ans plus tard, il reçoit le Grand Prix de Sculpture de la Biennale de Venise. Chillida procède par séries consacrées à l’exploitation d’un matériau: fer, plâtre, acier, ciment; son voyage en Grèce en 1963 lui inspire un ensemble de pièces en albâtre intitulé Eloge de la lumière.

Parallèlement à sa sculpture, Chillida poursuit une pratique de dessinateur et de graveur. En 1969, il réalise des lithographies pour le livre de Max Hölzer, Meditation in Kastilien; à la fin de l’année,
il illustre Die Kunst und der Raum de Martin Heidegger. Deux ans plus tard, il rencontre le poète espagnol Jorge Guillén et crée des illustrations en bois gravé pour son poème Más Allá, publié par la Galerie Maeght en 1973. Chillida, en gravure -lithographie, aquatinte et, depuis 1990, sérigraphie- joue de la puissance d’un graphisme sombre,
évocateur de constructions cyclopéennes, dont l’équilibre confère au support une singulière efficacité. Les formes vibrent et s’emboîtent; les noirs et les blancs se jouent du spectateur, apparaissant tantôt en négatif, tantôt en positif, fond et formes se permutant dans une unité spatiale. L’œuvre gravé révèle une force vitale élémentaire et une sensualité rayonnante, à travers la forme qui se déploie dans l’espace, antagoniste nécessaire à son existence même.

Toute son œuvre (sculpture, gravure, dessin, collage) repose sur la réflexion -la pensée de Heidegger l’ayant interpellé- que l’articulation de volumes non figuratifs n’implique pas l’élaboration d’un monde froidement étranger; ses volumes, toujours francs et monumentaux même dans de petites dimensions, donnent l’impression d’être décidés par la matière elle-même, définissant ses propres lieux d’accueil.

En 1984, l’artiste et sa famille ont établi la Fondation Chillida, à Zabalaga, près de San Sebastián.

Eduardo Chillida est décédé à San Sebastián le 20 août 2002.