20m²

Jean-Pierre Point est un sculpteur, photographe et sérigraphe belge. Reconnu et primé pour son travail de sculpteur, il se tourne définitivement vers la sérigraphie durant les années septante. Les sujets développés dans ses œuvres sont variés, il n’existe pour lui aucun sujet inintéressant ou inexploitable. Il se plaît à brouiller les frontières entre la publicité, la photographie et l’art. Son œuvre fortement marquée par une dimension sociale, se développe autant dans les grands que dans les petits formats. Dans ces derniers, il explore en imprimé les techniques picturales comme l’expressionisme et le pointillisme.

La présente affiche annonce l’ambitieux projet « 20m² » présenté à Bruxelles en 1974. Conçu pour investir l’espace public, celui-ci consiste en la création d’une sérigraphie de très grand format (20m² de surface) qui fut exposée sur trente panneaux publicitaires situés un peu partout dans Bruxelles. Jean-Pierre Point eut cette idée en se promenant un jour dans la capitale : se trouvant devant un grand panneau, il lui sembla évident « que la publicité était le grand art public de notre société marchande »¹. Il projeta donc d’avoir recours à ces vitrines d’exception pour porter un message social. Le projet fut donc mis en place avec le Théâtre du Globe et la Commission française de la culture, pour le plaisir. En effet, l’artiste considérait que, alors que les publicités prétendent ressembler à nos rêves, on n’y retrouve pas le reflet d’une vie réelle. Il a donc poussé l’exercice de comparaison en remplaçant les publicités d’un monde fantasmé par une image du monde réel, des habitants et de leurs interactions quotidiennes.

Né à Bruxelles en 1941, Jean-Pierre Point a étudié la sculpture à l’Académie des Beaux-Arts de Bruxelles avant de se former dans différents ateliers d’artistes. Il étudia ensuite à l’École nationale supérieure d’architecture et des arts visuels de La Cambre, dans laquelle il enseigna la sérigraphie entre 1981 et 2006. Ce médium il le découvrit lors des manifestations de mai 1968, dénonçant les médias qui tentent d’uniformiser les comportements. Il participa notamment, avec Lionel Vinche et Camille De Taeye, au mouvement Yucca (1969-1972), qui prônait la démocratisation de l’art et la non marchandisation au profit du plus grand nombre. En effet, le mouvement voulait jouer un rôle socio-culturel et comptait sur la participation du public. Leurs actions consistaient principalement en des animations urbaines, des présentations d’œuvres collectives dans des lieux publics et en la création d’œuvres monumentales à caractère ludique.

1. Jean-Pierre Point dans « Jean-Pierre Point, Conversation avec Vincent Cartuyvels », éditions Tandem, 2010.