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Endre Tót

Hongrie, 1937
vit et travaille à Cologne

Après une formation en peinture monumentale au Collège hongrois d’Arts appliqués, Endre Tót rejoint le mouvement de la Néo‑Avant‑Garde à la fin des années 60 et s’illustra notamment par ses Unpainted Canvasses de 1970. C’est néanmoins en 1971 qu’il se lance résolument dans l’art conceptuel avec les séries avec lesquelles il acquit une reconnaissance internationale et qui devinrent au cours des décennies successives emblématiques de son travail : les Nothingness / Zero ou Rains et Gladnesses, une production d’art graphique et imprimé, souvent performée, et se déployant sur des supports aussi divers que des télégrammes, des cartes postales, des timbres, des T‑shirts, des photocopies, des posters des graffiti, des pancartes, de manifestations ou encore des films. Dès 1971, sa pratique de l’art postal fut épinglée comme l’un des exemples pionniers du genre dans le bloc de l’Est, avec des correspondants tels que Ben Vautier, John Armleder, George Brecht, Daniel Spoerri, Cosey Fanny Tutti, Genesis P‑Orridge, Dieter Roth, Marina Abramovich, Ken Friedmann.

Tót joue avec une naïveté feinte ‑ en usant aussi de la valence sémantique et symbolique polysémique de son patronyme ‑ sur les concepts de joie (gladness) de zéro, et de néant (nothingness) comme autant de formes de résistances, à la fois placides, acerbes et opiniâtres, à l’engagement forcé (ou insidieux) de nos sociétés productivistes, qu’elles soient par ailleurs collectivistes ou capitalistes.

Il se met volontiers en scène, dans des dispositifs absurdes, afin d’incarner ou plutôt d’activer des slogans et formules simples qui claquent comme des évidences, et résonnent comme des parodies d’une culture de l’optimisme qui dénoncent avec d’autant plus d’efficacité les travers de nos sociétés. C’est particulièrement le cas dans les six prints historiques de la série Very Special Gladnesses que nous présentons à la fin du parcours de Bye Bye His‑Story. Ces tirages agissent comme une invitation à garder un esprit aiguisé et amusé, faussement naïf, critique certes des paradigmes et clichés de la croissance, mais malgré tout optimiste.

English

After training in monumental painting at the Hungarian College of Applied Arts, Endre Tót joined the Neo-Avant-Garde movement at the end of the 1960s and made a name for himself in particular with his Unpainted Canvasses from 1970. It was nevertheless in 1971 that he resolutely embarked upon conceptual art with the series with which he acquired international recognition and which, over the successive decades, became emblematic of his practice: the Nothing/Zer0, Rains and Gladnesses, a graphic and printed art production, often performed, and deployed on media as diverse as telegrams, postcards, stamps, T-shirts, photocopies, graffiti posters, signs, happenings or even films. As early as 1971, his practice of mail art was pinned as one of the pioneering examples of the genre in the Eastern Bloc, with correspondents such as Ben Vautier, John Armleder, George Brecht, Daniel Spoerri, Cosey Fanny Tutti, Genesis P-Orridge, Dieter Roth, Marina Abramovich, Ken Friedmann.

Tót plays with feigned naivety – also using the semantic and polysemic symbolic valence of his surname – on concepts such as gladness, zero, and nothingness, as so many forms of resistance that are at once placid, acerbic and obstinate, against the forced (or insidious) engagement of our productivist societies, whether they be collectivist or capitalist.

He willingly puts himself on the stage, in absurd ways, in order to embody or rather activate simple slogans and formulas which are dead obvious, and resonate like parodies of a culture of optimism which denounce with so much more efficiency the failings of our societies. This is particularly the case in the six historical prints of the Very Special Gladnesses series that we present at the end of the course of Bye Bye His-Story. These photographic prints act as an invitation to keep a sharp and amused mind, to reman falsely naive, certainly critical of paradigms and growth clichés, but despite it all, still optimistic.